Tracer de nouvelles voies avec des carburants à faible teneur en carbone
Pour relever ce défi, le secteur maritime explore une série d'options de carburants à faible teneur en carbone, chacune avec ses promesses et son potentiel uniques. Ces carburants offrent une lueur d'espoir dans la quête de l'industrie pour des opérations plus vertes. Examinons quelques-unes de ces solutions prometteuses :
- Biocarburants : les biocarburants sont dérivés de matières organiques telles que les algues, la biomasse des déchets et les résidus agricoles. Ils promettent de réduire considérablement les émissions de carbone par rapport aux combustibles fossiles traditionnels. Cependant, garantir un approvisionnement constant en matières premières et augmenter la production sont des défis essentiels qui doivent être relevés.
- Le méthanol : Le méthanol, un produit chimique polyvalent, est de plus en plus utilisé comme carburant maritime. Il peut être produit à partir de sources renouvelables, ce qui en fait un candidat potentiel pour la réduction des émissions de carbone. Toutefois, la modernisation des infrastructures et des mesures de sécurité strictes sont des conditions préalables à son adoption à grande échelle.
- L'ammoniac : L'ammoniac est apparu comme un carburant potentiel sans émission pour le secteur maritime. Produit à partir d'énergies renouvelables, il promet de fournir une énergie propre. Cependant, sa manipulation et sa distribution en toute sécurité posent des problèmes.
- Hydrogène : L'hydrogène, souvent considéré comme le "carburant de l'avenir", fait l'objet d'études pour des applications maritimes. L'hydrogène vert, produit à partir d'énergies renouvelables, pourrait changer la donne en matière de réduction des émissions de carbone. Cependant, le développement de l'infrastructure pour la production, le stockage et la distribution de l'hydrogène reste un obstacle important.
- bioGNL (gaz naturel liquéfié) : le bioGNL, un combustible fossile plus propre, est déjà utilisé dans certaines applications maritimes. Bien qu'il permette de réduire les émissions par rapport aux combustibles de soute traditionnels, il ne s'agit pas d'une solution zéro émission et doit être considéré comme une étape transitoire. Le bioGNL représente toutefois un pas en avant significatif pour le secteur maritime dans sa quête essentielle d'atteindre un taux net de zéro émission.
Ambition et réalité de l'OMI
L'Organisation maritime internationale (OMI) a fixé des objectifs louables : une réduction de 40 % des émissions de CO2 par secteur de transport d'ici 2030 et espère une réduction de 70 % d'ici 2050 par rapport à 2008. Toutefois, ces lignes directrices restent non contraignantes. Les initiatives très médiatisées prises par certains des principaux acteurs du secteur pour introduire au niveau commercial ces nouveaux carburants à faible teneur en carbone parallèlement à de nouveaux investissements dans les infrastructures (navires, avitaillement, chaînes d'approvisionnement en carburant) peuvent être considérées comme encourageantes. Ces engagements importants montrent la voie à suivre.
L'Europe ouvre la voie
Récemment adoptées par le Conseil européen, de nouvelles réglementations ont été introduites dans le but d'harmoniser le transport maritime avec les objectifs climatiques de l'Union européenne pour 2030 et 2050. Ces réglementations sont destinées à jouer un rôle essentiel dans le respect de la législation climatique européenne. L'objectif central de l'initiative maritime FuelEU, qui fait partie intégrante du plan Fit for 55 de l'UE, vise à encourager une adoption accrue et une utilisation constante de carburants renouvelables et à faible teneur en carbone, tout en réduisant simultanément les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur maritime. Tout cela doit être réalisé tout en garantissant le bon fonctionnement du trafic maritime et en évitant les perturbations sur le marché intérieur.
La nouvelle réglementation contient les principales dispositions suivantes :
- Des mesures visant à garantir que l'intensité en gaz à effet de serre des carburants utilisés par le secteur maritime diminuera progressivement au fil du temps, de 2 % en 2025 jusqu'à 80 % d'ici 2050.
- Un régime incitatif spécial visant à soutenir l'adoption des carburants renouvelables d'origine non biologique (RFNBO) à fort potentiel de décarbonisation.
- Une exclusion des carburants fossiles du processus de certification de la réglementation.
- Une obligation pour les navires de passagers et les conteneurs d'utiliser une alimentation électrique à terre pour tous leurs besoins en électricité lorsqu'ils sont amarrés dans les principaux ports de l'UE à partir de 2030, dans le but de réduire la pollution de l'air dans les ports, qui sont souvent proches de zones densément peuplées.
- Un mécanisme de regroupement volontaire, en vertu duquel les navires seront autorisés à regrouper leur bilan de conformité avec un ou plusieurs autres navires, le pool devant respecter en moyenne les limites d'intensité en gaz à effet de serre.
- Des exceptions limitées dans le temps pour le traitement spécifique des régions ultrapériphériques, des petites îles et des zones économiquement très dépendantes de leur connectivité.
- Les revenus générés par la mise en œuvre de la réglementation (« pénalités FuelEU ») doivent être utilisés pour des projets en soutien à la décarbonisation du secteur maritime, avec un mécanisme de transparence renforcée.
- Suivi de la mise en œuvre de la réglementation grâce au processus de rapport et d'examen de la Commission.
(source : Conseil de l'Union européenne)
Relever les défis de l'adoption
La transition vers des carburants durables cependant n'est pas sans poser de problèmes. Il s'agit notamment de
- Disponibilité des matières premières : Accès à des sources cohérentes et adéquates pour la production de biocarburants.
- Contraintes de distribution : La distribution mondiale des matières premières varie, ce qui a un impact sur les chaînes d'approvisionnement.
- Modernisation de l'infrastructure : La modernisation de l'infrastructure des ports et des navires pour gérer ces nouveaux carburants est une tâche colossale
- Augmentation de la production : L'augmentation de la production de combustibles à faible teneur en carbone pour répondre à la demande mondiale est une autre tâche monumentale.
Les pionniers ouvrent la voie
Malgré les défis, le secteur maritime n'attend pas. Des initiatives audacieuses de la part d'acteurs majeurs propulsent l'industrie vers la durabilité. Bio360 2024 présentera certains de ces pionniers, démontrant ainsi leur engagement en faveur du changement.
Par exemple, l'ambition de Maersk d'avoir un navire neutre en carbone sur les mers d'ici 2030 est révolutionnaire. Ce type de mesures audacieuses prises par des géants de l'industrie donne un aperçu prometteur de l'avenir du secteur. CMA CMG est également très actif dans le domaine du bioGNL et promet de réduire les émissions de CO2 de 67 % (du puits au sillage).
L'Organisation maritime internationale (OMI) a fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction de l'intensité carbonique, mais ces mesures ne sont pas contraignantes. Les progrès de l'industrie maritime en matière de développement durable sont en grande partie dus à des initiatives audacieuses de la part des leaders du secteur.
Initiatives des majors
De nombreux acteurs majeurs de l'industrie du transport maritime prennent des mesures proactives pour réduire leur empreinte carbone. Ces initiatives vont de l'adoption de carburants plus propres à l'investissement dans des conceptions de navires innovantes qui donnent la priorité à l'efficacité énergétique.
Efforts de collaboration
Les partenariats entre les gouvernements, les instituts de recherche et les acteurs de l'industrie favorisent l'innovation dans le domaine des technologies et des carburants à faible teneur en carbone. Ces collaborations visent à accélérer la transition vers des pratiques maritimes plus propres.